Analyse bilan comptable

Analyser un bilan consiste à exploiter les informations chiffrées données par l’actif et le passif du bilan comptable, et nous proposons un exemple d’analyse d’un bilan.

Cet article indique en quoi consiste une analyse de bilan et se poursuit par un exemple appliqué à une petite entreprise (car l’étude des états financiers n’est pas réservée au grands groupes cotés). Notre article suivant poursuit ce travail en proposant deux autres exemples de bilans analysés.

Pourquoi une analyse de bilan ?

La lecture du bilan s’impose :
 au gérant de l’entreprise, afin d’analyser ses ressources présentes et ses besoins futurs,
 aux partenaires financiers de l’entreprise (banque, personne physique qui a accordé un prêt à l’entreprise lors de sa création (un proche du créateur de l’entreprise le plus souvent), associés ou actionnaires...),
 aux partenaires commerciaux de l’entreprise (les fournisseurs dès lors que la commande n’est pas intégralement payée d’avance, les clients lorsque le produit vendu nécessite le versement d’un acompte à la commande).

Or la lecture d’un bilan nécessite quelques connaissances comptables.

Mais avant tout, savoir parcourir un bilan (qui n’est que l’addition de toutes les écritures comptables passées durant l’année) est une condition lorsque l’on souhaite tenir la comptabilité de son entreprise afin de comprendre le sens des écritures comptables que l’on aura à comptabiliser.

Rien de plus faux qu’un bilan exact

Patrimoine d’un particulier

Pour illustrer la notion de patrimoine (voir notre article : définition bilan), nous avons calculé le patrimoine d’un particulier à une date donnée. Les éléments positifs et négatifs de son patrimoine ont été évalués à leur valeur de marché à cette date. En effet, déterminer la richesse d’une personne en tenant compte, non pas de la valeur de marché mais de la valeur d’entrée dans son patrimoine de ses éléments d’actif, n’aurait pas de sens. Par exemple, tenir compte non pas de la valeur de marché de sa résidence principale mais de sa valeur d’acquisition serait ridicule : un particulier qui aurait acheté un appartement de 300m² à Paris en 1960 aurait un patrimoine immobilier au mieux égal à l’acheteur d’un studio de 20m² en 2015 dans le même quartier !

Patrimoine d’une entreprise

C’est pourtant cette pratique comptable qui s’impose aux entreprises.

Une entreprise présente en effet dans son bilan :
 Les valeurs d’acquisition de ses immobilisations (biens immobiliers et mobiliers). La législation n’oblige pas à la réévaluation des biens figurant au bilan, notamment des biens immobiliers (qui se sont souvent appréciés avec le temps). Au contraire, des amortissements viennent diminuer progressivement dans le temps la valeur de ces biens. Au final, un bien peut donc afficher une valeur nulle au bilan alors que sa valeur de marché représente l’essentiel du patrimoine de l’entreprise (le cas de locaux le plus souvent).
 Les valeurs d’achat de ses titres et valeurs mobilières de placement (actions d’autres sociétés), les plus-values potentielles ne figurant pas au bilan.

A l’inverse, les pertes potentielles sont obligatoirement inscrites au bilan sous forme de provisions :
 pertes latentes sur les stocks (provision sur stocks),
 pertes estimées sur des créances clients, lorsqu’un client est en liquidation par exemple, ou insatisfait (provision sur clients douteux),
 pertes latentes en raison d’une procédure judiciaire en cours,
moins-values latentes sur des titres financiers (contrairement aux plus-values latentes qui n’apparaissent pas au bilan)...

Au total, pour estimer le patrimoine d’une entreprise à partir de son bilan, il faut se référer aux annexes de ce bilan qui apportent des informations complémentaires sur le patrimoine de l’entreprise afin de corriger certaines valeurs comptables et obtenir les valeurs de marché correspondantes.

Exemple d’analyse d’un bilan

Bilan petite entreprise BIC

BILAN AU 31/12/14
ACTIF PASSIF
Immobilisations Capitaux propres
Frais de constitution 1.000€ Capital 10.000€
Fonds de commerce 25.000€ Réserves 2.000€
Logiciel 2.000€ Résultat 5.000€
Aménagements 7.000€
Mobilier et informatique 10.000€
Total Immobilisations 45.000€ Total capitaux propres 17.000€
Créances et disponibilités Dettes
Stocks 13.000€ Emprunt bancaire 27.000€
Créances clients 0€ Emprunt OSEO 4.000€
Banque 1.700€ Emprunt M. X 6.000€
Caisse 300€ Dettes fournisseurs 4.000€
Dettes fiscales et sociales 2.000€
Total actif circulant 15.000€ Total dettes 43.000€
TOTAL ACTIF 60.000€ TOTAL PASSIF 60.000€

Analyse du bilan

Le bilan de cette petite entreprise relevant des BIC achat-vente présente un résultat positif. C’est un point à noter mais davantage à analyser à partir du compte de résultat.

L’essentiel de notre analyse portera davantage sur le financement par des ressources de long terme des besoins de long terme, règle comptable qui assure la solidité financière d’une entreprise.

Immobilisations

NB : La définition d’une immobilisation est précisée dans un dossier spécial.

La création de cette société a demandé :
 1.000€ de frais de création (dépôt au greffe, journal annonce légale...),
l’acquisition d’un fonds de commerce pour 25.000€ (rachat d’une petite librairie),
 l’acquisition d’un logiciel de gestion des stocks pour 2.000€,
 divers aménagements et mobiliers pour un total de 19.000€ (7.000€ d’aménagements (travaux électricité et câblage informatique du local) + 10.000€ de mobiliers de bureau et informatique (étagères, bureau et chaise de bureau, ordinateur).

Les valeurs de ces immobilisations figurent au bilan en valeur d’acquisition. Leur valeur de marché serait certainement inférieure en raison :
 de la dépréciation du mobilier, du matériel informatique et du logiciel,
 de la difficulté à revendre un fonds de commerce en cas de faillite.
D’ailleurs, la pratique de la vente des fonds de commerce n’est pas partagée dans bien d’autres pays d’Europe. Certes, on peut revendre du matériel (dans tous les métiers de bouche par exemple), une licence (licence IV)... mais son emplacement et sa clientèle, pourquoi ne pas créer le même commerce dans un autre local ! Pourquoi racheter la clientèle d’un libraire quand on est libre de créer sa propre librairie ? Alors quand son prédécesseur a fait faillite et que c’est un liquidateur qui cherche un remplaçant, le fonds de commerce n’a généralement plus beaucoup de valeur...
Là encore, il faudrait prendre connaissance du compte de résultat pour juger de la pérennité de ce commerce.

Financement des immobilisations

En revanche, ce que ce bilan indique clairement, c’est que les besoins de long terme de l’entreprise (ses immobilisations, dont le renouvellement ne sera que partiel (on ne renouvelle jamais un fonds de commerce) et différé dans le temps) sont financés par des ressources de long terme (les capitaux propres, apports initiaux qui ne sont pas destinés à être reversés, et les emprunts dont le remboursement s’étale sur plusieurs années).

  • total besoins de long terme, immobilisations = 45.000€
  • total ressources de long terme = 54.000€ regroupant :
    • capitaux propres = 17.000€
    • total des emprunts : 27.000 + 4.000 + 6.000 = 37.000€

Ce bilan témoigne donc d’un financement très sain des investissements qui ont été nécessaires pour créer l’entreprise et d’un excédent de 9.000€ de ressources à long terme comparativement au montant des investissements initiaux. De ce fait, une partie des charges d’exploitation (coût de possession du stock essentiellement) est couverte par cet excédent de ressources stables et finalement très peu par le biais de crédits fournisseurs (4.000€).

Conclusion sur la solidité financière de l’entreprise

Tout créateur d’entreprise sait que cette situation idéale est rare. Généralement, réunir des ressources stables pour démarrer une activité constitue la principale difficulté à la création d’entreprise.

Mais il faut cependant comprendre que cette règle de gestion, qui exige que les actifs immobilisés soient financés par des ressources stables, est une garantie de pérennité d’une entreprise.

Dans le cas contraire, l’entreprise sera très rapidement dans l’obligation de compter sur ses fournisseurs, sur l’Etat ou les caisses de cotisations sociales pour financer son exploitation. Autrement dit, l’entreprise ne pourra plus payer ses dettes et la continuité de son activité ne dépendra plus que de ses créanciers. Un redressement judiciaire, pour organiser le remboursement de ces dettes, s’imposera alors certainement.

PS : Notre article suivant (lien ci-dessous) présente deux exemples supplémentaires d’analyse de bilan.

Le patrimoine d’une entreprise, présenté sous forme de bilan comptable annuel, est l’une des informations nécessaires à une banque pour octroyer un prêt professionnel ou un découvert bancaire, au fournisseur qui doit accorder un délai de paiement à l’entreprise, au client qui redoute un dépôt de bilan entre sa commande et la livraison attendue... Le bilan, document de synthèse d’une comptabilité annuelle, constitue donc l’une des bases du contrôle de gestion.

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